Euròpa |
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Faut-il ratifier la charte des langues régionales et minoritaires ? | La Palanca n° 1 | ||
Le gouvernement
a annoncé son intention de ratifier la charte européenne
des langues régionales et minoritaires dès le début
de l’année 1999. Malgré l’avis négatif
du Conseil d’Etat, des juristes tels que Guy Carcassonne ou Bernard
Poigant, auteur du rapport « Langues et cultures régionales
», estiment que la France peut, en conformité avec sa constitution,
accepter plus que les trente-cinq alinéas minimum exigés
pour la ratification. Et de surcroît, la signature serait accompagnée
d’une déclaration interprétative pour rappeler que
la notion de groupe évoquée par la charte « renvoie
aux individus qui le composent et ne peut en aucun cas former une entité
qui en serait distincte, titulaire de droits qui lui seraient propres
». Or, même avec cette ratification a minima, il n’empêche
que l’esprit de la charte est clair et, nous semble-t-il, en contradiction
avec la tradition et les valeurs républicaines hautement proclamées
qui font l’égalité des droits un principe intangible.
Le communautarisme fut-il hérité, n’est pas dans notre
culture politique et démocratique. Or, le préambule affirme
comme un « droit imprescriptible « le « droit de pratiquer
une langue régionale ou minoritaire dans la vie privée ou
publique ». Au-delà, il s’agirait même d’établir
« le respect de l’aire géographique de chaque langue
minoritaire, en faisant en sorte que les décisions administratives
existant ou nouvelles ne constituent pas un obstacle à la promotion
de cette langue régionale ou minoritaire ». Et allant encore
plus loin, la charte envisage pour les agents publics pratiquants une
de ces langues une certaine priorité pour l’affectation dans
les territoires où elle est parlée. Le principe d’égalité
sur le territoire national laisserait-il place à une sorte de «
préférence régionale » qui enfermerait chacun
dans son « pays », au sens restrictif du terme et dans une
communauté aujourd’hui mythique, tout en mettant en cause
la République dans ses pratiques les plus quotidiennes ?
Système bilingue Réserves et promotion |
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Réflexion de Nosauts de Bigòrra à la Fédération des Oeuvres Laïques sur la Charte Européenne des Langues Minoritaires | La Palanca n° 1 | ||
Notre
contribution au débat lancé par la FOL ne sera pas polémiste,
nous constatons le texte parfaitement argumenté pour faire part
des inquiétudes de l’Enseignement Laïque dur une probables
adaptation éducative générée par la signatures
de cette Charte par la France. Que le sujet soit abordé sous forme de débat constructif, limitant tout blocage parasite de part et d’autre, préjudiciable socialement, honore ses auteurs. A Nosauts de Bigòrra, association adhérente à l’Institut d’Etudes Occitane et très récemment revitalisée, nous sommes aussi partie prenante du dialogue constructif. En préambule, nous constatons simplement que la simple folklorisation des langues et cultures régionales en France peut être un danger politique évident, déjà perceptible dans le Sud-Est où le FN se donne une couleur déjà souhaitée par Pétain durant ses années sombres… Aussi évidemment nous ne pouvons nous satisfaire de cette « mise en conserve » de nos valeurs qui serait une seconde mort. D’une façon banalement moderne, nous considérons que faire vivre notre langue, laisser évoluer nos cultures par le contact naturel entre elles est vital et salutaire pour tous. Reste bien sûr la concrétisation de nos vœux que nous savons ne pouvoir réaliser pleinement sans l’assentiment des autres acteurs éducatifs et culturels : ici devrait se vérifier l’aptitude de notre peuple à résoudre ses apparents contradictions sans conflits stériles. Pour reprendre votre inquiétude sur le possible clivage de groupes culturellement différents, cette réaction serait à craindre justement si le verrouillage des institutions le rendait inévitable. Vous dites aussi que « la charte répond a des situations particulières en Europe » ; mais partout bientôt les cultures devront trouver le moyen de cohabiter : la mondialisation des échanges de connaissances est un fait. Plusieurs pays de l’Europe pratiquent d’ailleurs depuis toujours cet art sans perdre leur force nationale, et dans le monde ces situations sont légions. Au jeu des langues impérialistes, on devrait autrement assister à la prédominance de l’anglais, vecteur des communications modernes. Cette langue à d’ailleurs été largement apprise dans nos établissements publics, et ceci sans le moindre a priori porté à nos langues natives. Véritablement pas dupes sur le fond nous pensons que dans notre système centraliste, les langues privilégiées sont celles de ceux à qui elles doivent profiter… Mais nous voilà dans une phase de construction Européenne, façon Maastricht, déjà avancée. Le danger est de voir les occitanistes préférer une Europe naturellement tolérante sur les diversités culturelles à une nation frileuse, rempliée sur ses vieux principes. Au chapitre « Réserves et Promotion » vous soulevez le douloureux problème des hussards noirs de la République. Cette servilité des fonctionnaires a été un drame culturel profond et aussi familial pour ce qui concerne l’incompréhension parents-enfants qui en a résultée. Mais juger le passé n’a rien de constructif. Se rappeler que les enseignants justifiaient leur comportement répressif par l’appréhension de ne pouvoir faire contenir « deux langues dans la même tête » prêterait à sourire. Aujourd’hui, l’inaptitude des Français à apprendre les langues est devenu l’objet des quolibets de nos voisins européens. A Nosauts de Bigòrra, nous sommes prêts aussi à débattre des problèmes plus locaux afin de contribuer à maintenir et améliorer la qualité de vie qui doit demeurer notre préoccupation principale, par-delà nos divergences. |
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Echange d'idées avec la FOL des Hautes-Pyrénées | La Palanca n° 3 | ||
La FOL
des H-P a pris une position hostile à la signature de la "Charte
Européenne des Langues Régionales et Minoritaires"
envisagée par le gouvernement. En effet, la FOL 65 considère
que "l'esprit de cette charte est en contradiction avec la tradition
et les valeurs républicaines » elle refuse l’arbitrage
récent du juriste Guy Carcassonne qui la considère compatible
avec la Constitution et s’en tient aux avis négatifs précédents
en particulier celui du Conseil d’Etat. L’article de la FOL65 paru dans la presse locale avait suscité de vives réactions d’autant qu’en plus de sa position contre la signature de la Charte un certain nombre de pensées négatives étaient prêtées aux défenseur des langues minoritaires, certaines faisant même l’amalgame avec le FN. Préférence régionale, rupture du principe d’égalité, mise en cause de la République, enfermement identitaire… La FOL65, semble-t-il touchée par ces réactions diverses et rigoureuses, proposa donc une rencontre débat pour conforter nos points de vue. Nous étions ainsi 18 le 7 avril 1999 au local de la FOL, 10 pour la contredire, 4 observateurs neutres intéressés par le débat. Il est difficile de transcrire toute une soirée de discussion alternant tours de table et réponses, principalement de Mr Cubero au nom de la FOL, sur la base de l’article incriminé. Les prises de positions furent variées et riches comme l’est la mouvance des défenseurs de l’occitan qui suivant leur sensibilité ont apporté tel ou tel éclairage : historique, politique, linguistique, sentimental… Mais tous étaient choqués et surpris, parfois très déçus de la prise de position de la FOL65. Je vais donc essayer de faire une synthèse qui inévitablement sera en partie personnelle, des points de divergence fondamentaux. Mais au préalable je commencerai par évoquer plusieurs interventions très sensibles de participants profondément bilingues parlant avec force et émotion de leur attachement à l’Occitan leur première langue et au Français langue considérée comme précieuse et leur sentiment profond de vouloir associer leur défense plutôt que de les opposer. Le premier point de friction, d’explication, fut de régler son compte à l’amalgame avec le FN à travers la formule « préférence régionale ». Le mouvement Occitan dans sa grande majorité est profondément ouvert aux autres cultures et au respect de la dignité des gens et des peuples, cet amalgame que l’on trouve aussi dans Charlie-Hebdo nous est particulièrement insupportable. Pour que tout soit clair il a été rappelé que le « Comitat Republican per la modificacion de l’article 2 » a explicitement affirmé son opposition à tout régionalisme xénophobe tel que celui pratiqué par le FN en Provence. Une autre anecdote significative de l’état d’esprit des participants est la réaction au parti pris acharné de Mr Cubero de prononcer Pelòt [Pelau] quand il s’exprime en Français. Nous lui fîmes remarquer que cette pratique obéissait à une hiérarchisation inconsciente des langues, le Français ayant tendance à ne faire d’effort de respect de la prononciation originelle que pour les mots anglais. En conséquence, je propose que tant que Mr Cubero prononcera Pelòt [Pelau] en Français, c’est son droit, nous pronocerons FOL [Hèou] en Gascon ! Mais venons en aux Grands Principes, La Nation, La République. Nous serions communautaristes, ennemis de l’égalité des droits individuels, notre position serait défavorable à l’intégration des immigrés, ethnicistes, en un mot républicanicides ! Tout d’abord il nous difficile de comprendre que l’on puisse nous accuser de lutter pour un privilège linguistique alors qu’au contraire tout notre combat est basé sur un sentiment d’inégalité de traitement des langues de France et qu’au mieux nous n’obtiendrons qu’une inflexion dans le bon sens qui n’effacera jamais les traces de cette lointaine politique. Les difficultés d’intégration des immigrés tiennent plus de difficultés économiques que d’un obstacle culturel dû à la diversité des langues des France, les Italiens qui se sont intégrés en Gascogne l’ont souvent fait en Gascon, ce sont les valeurs du peuple d’accueil qui peuvent le plus faciliter les choses. La tradition du mouvement Occitan est plus culturelle que nationaliste et la plupart d’entre nous se réclament de la République et de ses valeurs. Le communautarisme supposé de l’immigration, thèse du FN, ne doit pas nous aveugler, elle est fondée sur des fantasmes et des peurs et une crispation républicaine désuète, rassurante pour certains, n’est pas une réponse à la hauteur de la complexité du problème. Enfin notre position serait enfermante, une vie entre-soi, bornée au territoire d’une langue minoritaire. Ici aussi nous ne nous reconnaissons pas du tout, notre intérêt pour les langues et les cultures nous ouvre à la diversité du monde, en particulier aux langues du Sud, dans un combat contre l’uniformisation. Nous sommes pour l’apprentissage de plusieurs langues, nous sommes convaincus que c’est possible et que c’est l’avenir de nos enfants. A notre avis le combat pour le maintien de la diversité culturelle doit allier la défense du Français et des autres langues de France et non les opposer. Mais revenons à la Charte, notre lecture en est positives car ses buts sont nobles : Défense et promotion des langues minoritaires, réduction des tensions par une certaine reconnaissance officielle de ces langues et de la légitimité de notre revendication. Il y a des risques, toute entreprise en présente, la modération de cette Charte, sa géométrie variable permet beaucoup de compromis avec les traditions, les blocages dirions-nous, des pays centralistes, attelons-nous ensemble à ce travail plutôt que de prôner un statut quo qui présente à notre avis bien plus de risques car il conduirait tôt ou tard à l’exaspération de ceux qui ne sont jamais entendus. On nous dit que son esprit nous est étranger et qu’il nous vient de traditions européennes différentes des nôtres. L’Allemagne vient d’accepter la notion, au combien républicaine française, de droit du sol, pourquoi ne nous enrichirions-nous pas à notre tour de l’idée de respect des langues, d’autres pays européens nous montrent la voie, huit ont déjà signé la Charte. Mais nous semble-t-il près du but, la France devrait signer la Charte lors de la prochaine session du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, les 6 et 7 mais à Budapest, dommage que par dogmatisme républicain la FOL des H.P. se soit crispée dans un refus stérile, nous aurions pu nous en réjouir ensemble. F.Beigbeder |
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Charte des langues régionales
et minoritaires Oc sine die? Nani ! Tot ath contrari ! |
La Palanca n° 4 | ||
Le débat
sur une certaine officialisation des langues de France a atteint ces derniers
jours une grande importance sur la scène politique française
à propos de la signature de la Charte des langues régionales
et minoritaires et de l'avis négatif du Conseil Constitutionnel.
Le blocage renversant du Président de la République, faisant fi de ses promesses, n'enlève rien à cette extraordinaire avancée. Notre revendication est maintenant un grand enjeu de société, tous les partis politiques ont pris position, de grandes personnalités se sont exprimées avec vigueur dans les médias, les secteurs les plus modernes de la société ont soutenu nos vues, une majorité de l'opinion s'est scandalisée de l'immobilisme de notre République, nous aboutirons donc tôt ou tard car la volonté du peuple est incontournable, la France plurielle est en marche. Une réforme de la Constitution est nécessaire, nous en sommes bien d'accord, et les mouvements de défense des langues de France ont revendiqué une autre formulation de son article 2 dès la réforme de 1992, affirmant le Français, langue officielle de la République. En effet une lecture stricte de cet article interdit toute reconnaissance des autres langues de France mais surtout il nous semble que seule la réforme de la Constitution peut avoir le poids nécessaire pour rompre symboliquement avec les erreurs du passé. Par contre nous ne pouvons accepter le refus de signature au non du principe d'indivisibilité de la République. Il faut être vraiment de mauvaise foi pour lire cela dans la Charte qui spécifie explicitement le contraire ! Nous sommes évidemment tout à fait d'accord pour que le Français soit la langue officielle commune, mais les autres langues de France doivent être maintenant reconnues par la République pour permettre une officialisation dont le niveau sera à négocier en tenant compte des réalités. La Charte est un outil permettant cette normalisation, il a le grand mérite d'être commun à l'Europe démocratique, une loi franco-française sans révision de la Constitution ne serait qu'une demi-mesure décevante, une tentative politicienne pour essayer de rattraper devant l'opinion une occasion manquée. Il faut en effet dénoncer les pratiques politiques dont les langues de France sont provisoirement les victimes en retardant encore leur reconnaissance. Deux graves reniements se sont produit. En effet lors de la modification de l'article 2 de la Constitution il avait été alors déclaré solennellement devant le Parlement que celle-ci ne serait pas utilisée contre les langues régionales. De plus le Président de la République s'était déclaré favorable à la signature de la Charte, lors d'un voyage à Quimper en 1996, on voit ce qui l'en a été de ces deux engagements ! Ces pratiques politiques inconséquentes sont plus dommageables pour la démocratie que la satisfaction de nos revendications qui bien au contraire en particulier si elle était menée dans l'esprit de la Charte, conduirait à une réduction des tensions et au renforcement de l'unité par le respect des diversités. Certains avancent que La Charte est faite pour les futurs adhérents de la communauté, ces pays de l'Est où une vision ethnique est souvent encore en vigueur. Nous ne nierons pas ces différences de perception mais la Charte a bien été faite pour tous les pays d'Europe, surtout ceux qui sont à la traîne ! et on peut remarquer que des pays de l'Ouest, en Galice, Pays de Galle, Ecosse par exemple, se préoccupent de sauvegarder leurs langues depuis longtemps déjà. En fait cette distinction Est/Ouest n'est brandie que pour masquer l'isolement complet de la France sur cette question. D'autres avancent que ce serait grotesque de sauver ces patois informes, ce mépris nous est insupportable il ignore le travail considérable fait par les défenseurs des langues de France palliant ainsi la défaillance de leur Etat, il oubli aussi au passage que certaines des langues de France sont des dialectes d'autres langues européennes officielles chez nos voisins. Que penserions nous si la Belgique, La Suisse, l'Italie ne respectait pas le Français dans les territoires ou il est parlé sous prétexte qu'il y est parlé comme dialecte et qu'il est minoritaire dans ces pays. La réciprocité linguistique en Europe devrait être la règle, grâce à des régions bilingues. Ce bilinguisme précoce, permis tout particulièrement par les langues régionales, est d'ailleurs une formidable chance pour se préparer à l'Europe multilingue que nous souhaitons maintenir et promouvoir. Tous les spécialistes de l'acquisition des langues l'affirment avec force. On nous parle aussi de balkanisation ! ainsi certains " républicains-nationaux " osent, après le FN/MN agiter cette peur, à front renversé d'ailleurs, car c'est justement le non respect des minorités et l'incapacité à gérer des sociétés multi-culturelles qui ont produit cette situation désastreuse qui nous révulse. Nous pensons qu'entre l'intransigeance jacobine et les micro-nationalismes qu'elle peut engendrer en réaction il y a la place pour une gestion démocratique des diversités. La Charte des langues régionales et minoritaires s'inscrit justement dans cette démarche démocratique, modulable, elle est conçue pour tenir compte des traditions politiques de chaque pays et de la situation de chaque langue concernée. F. Beigbeder pour Nosauts de Bigòrra, seccion Haut-Pireneenca de l'IEO |
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Les langues de France hors-la-loi | La Palanca n° 4 | ||
Le Conseil
Constitutionnel a décrété que le texte de la Charte
européenne des langues minorisées est anticonstitutionnel. Franchement, ceux qui luttent pour la révision de notre Constitution et pour une modification de l’article 2 n’en sont pas surpris. Nous le savions déjà. Les ultranationalistes de tout poils (du MDC aux Fronts Nationaux en passant par le RPF), les traditionalistes républicains ont un secret désir : épurer le territoire de leur France de tous ceux qui pratiquent des langues en plus du français. Ces intégristes réactionnaires rêvent toujours d’imposer, au nom de leur prétendue universalité, une seule langue, une seule culture, leur unique pensée. Ils adorent les symboles mythiques d’une république ringarde et lors de leurs processions et meetings foulent les Droits de l’Homme aux pieds. Ils nient la réalité des langues de France, les veulent factices, au nom du principe d’une seule langue imposée à la seule France. Pourtant, au dehors de nos frontières, ils s’empêtrent dans la défense de la diversité linguistique pour que le français continue d’exister. Double langage, manque d’honnêteté intellectuelle. Mais nous, Français d’Occitanie et d’ailleurs, nous vivons nos langues, nous n’avons jamais désiré que l’une supplante l’autre, nous ne nous laisserons pas priver de l’une au prétendu profit de l’autre. Si notre réalité culturelle et plurielle, notre identité nationale est unique, nous sommes des citoyens attachés aux principes fondateurs de la notion de peuple français. Nous défendons l’idéal démocratique, la fidélité à la République comme forme de gouvernement (et pas en tant que territoire à verrouiller). L’imposition d’un diktat culturel ne fait pas partie de nos aspirations. La nation française est politique et pas ethnique. Si la France est menacée c’est bien par des idéologies antidémocratiques, par les idées de dictateurs en puissance, pas par la musique de ses langues. L’attitude du Président de la République est, par contre, plus surprenante au premier abord. Mais les nombreuses réactions d’élus, provoquées par le comportement de M. Chirac, annoncent la naissance d’un vrai débat sur cette question dans notre pays. De plus, l’analyse que font les médias nationaux de la décision de l’ancien maire de Paris à la recherche d’une nouvelle virginité républicaine prouve que la question des langues régionales est un révélateur supplémentaire de la fracture dans le paysage politique que les élections européennes ont commencé à remodeler. Entre les ultranationalistes demandant l’enfermement de la France dans des frontières barbelées et les citoyens qui souhaitent un monde pluriel bâti sur le respect des droits inaliénables de chacun, c’est aujourd’hui un choix de société qui est en débat. Nous pouvons enfin être satisfaits. Le chemin qui reste est sans doute encore long, mais une barrière vient de tomber : celle du silence. C’est un bon signe quand on défend la diversité linguistque qui est des trésors de l’humanité. J.L. Lavit |
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Se parlam patoés | La Palanca n° 4 | ||
La discussion
sur la reconnaissance officielle des « langues minorisées
» aura au moins probablement le mérite de reléguer
au répertoire à éviter le terme de « patois
». C’est bien de langue qu’on cause ! Ce mot de « patois », le gabatch ne le redoute aucunement, il lui arrivait même de s’en réclamer : que parli patoès, e tu ? Mais avec la conscience, chèrement acquise, du mépris ou de la condescendance plus ou moins bienveillante que son emploi peut comporter. Ou tout simplement de l’ignorance qu’il masque si mal ! Combien croient encore de bonne foi que ce qu’on appelle patois est du français mal parlé, déformé, et non une langue à part entière, à côté des autres langues ! Une langue : l’occitan, ici dans sa forme gasconne, bigourdane si on tient à cette précision. A une telle confusion il y a des raisons. Quand une langue se laisse au cours des siècles contaminer par celle qui l’a supplantée, comme l’occitan par le français, elle court le risque réel de devenir un patois. Un occitan farci de francismes mériterait l’appellation dévalorisante ! Mais il se trouve que notre langue a été sauvegardée, en premier par ceux qui l’ont apprise au berceau et ont continué à la parler, d moins en moins nombreux il est vrai, en second par ceux qui ont fait l’effort de la réapprendre auprès des aînés et à l’école, et dans les livres. Dans les livres ! Pour éviter de voir en elle un patois, une déformation de la langue dominante, il aurait fallu savoir, se rappeler, qu’elle fut et reste la langue d’une riche littérature bien trop méconnue, celle des Troubadours, à ne pas confondre avec d’aimables saltimbanques, celle entre autres aussi d’un Frédéric Mistral, s’il ne fallait en citer qu’un, en Bigorre d’un Michel de Camelat. Oui, la littérature reste l’indéfectible garant d’une langue, et que l’occitan continue de s’écrire est la meilleure garantie pour l’avenir. A cela les vigilants gardiens de la Constitution ne peuvent rien, mais ils s’honoreraient de le reconnaître, de participer à la sauvegarde d’une langue et de son fleuron, la littérature, en échange et non en guerre avec la grande sœur française. M. Pujol |
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VAL D'ARAN, Marcha de l'Euro-region… la man tenuda. | La Palanca n° 10 | ||
Non pòdi
pas parlar coma un ancian, mès totun que'm bremba las annadas 75-80
quan anàvam tà Bossost passar-se la dimenge e "her
lo plen". Los de noste que passavan en Espanha, país de magrèra
e abandonat. Uei lo Val d'Aran qu'a plan chanjat, que beneficia d'un estatut navèth en la Generalitat de Catalonha poderosa e lo sué Conselh Generau qu'ei estat restablit en 1990. A la mairia nosta qu'avem responut ad un invit entà participar a Vielha, Capdulh deu Val d'Aran a dus encontres : la de l'associacion deus maires e esleguits occitans e la deus representants de las vilas occitanas e catalanas bessoadas. Aciu qu'arribèn drin mes de 150 participants, daubuns pòc assabentats d'ua realitat istorica, politica e regionalista pirenenca. Lo prumèr tèmi abordat qu'estó : Identitat e economia; eth desvelopament economic a trauèrs dera identitat. Daubuas mairias e collectivitats que s'encaminan cap a la reapropriacion deu loé patrimòni bastit e non bastit. Atau lo Maire de Beziers que presentè lo CIRDOC, Centre Inter Regionau de Documentacion Occitana qui's vòu un lòc de recampament e de difusion dinamica de la cultura occitana. Que n'a costat 15 millions de francs, emplega 9 personas dab un budget annuau de 3,5 millions. Qu'an tanben lo projècte tà l'an 2001 d'un hestenau internacionau occitan. Que'ns presentèn la Guia des Ciutats Catalanes e Occitanes agermanades qui recampa e presenta un centenat de ciutats, imatges deus ligams d'ua region transpirenenca. Aquera accion que s'inscriu dens ua volentat politica de trabalhar amassas e contractualisada en octobre 1991 dens la Carta de Constitució de l'Euroregió signada per las Regions Mieidia Pirenèus, Lengadòc Rossilhon e la Generalitat de Catalonha. D'après Jusèp Loís Boya, Conselhèr Genarau d'Aran, Occitania qu'ei uei la nacion shens Estat la mes grana d'Euròpa dab 14.000.000 de poblans e qu'ei la de qui a lo mes de problemas a s'estructurar a l'entorn de la sua identitat. N'a pas nada proteccion institucionau. Alavetz qu'a besonh ua aida de part de Val d'aran e Catalonha tà desvelopar la sua identitat " la proximitat culturau facilitan las relacions". Atau lo territòri occitanacatalan qu'ei un espaci d'avénguer en termi economic e identitari. Puish lo President deu gobernament autonòm de Catalonha, Jòrdi Pujol, que presentè lo sué punt de vista sus la Globalisacion e l'identitat, "desbat entre tradicion e inovacion". Ne cau pas lutar contra mes la cau rénder umana. Aran coma Occitania que son estats desculturats. Que's cau reapropriar l'identitat d'ua faiçon pacifica e constructiva en los domènis de l'economia,la convivença e la coesion qui son factors positius tau progrés generau. Qu'insisteish suu dangèr d'ua desviacion negativa de la dehensa identitària. Ne cau pas que sia ua politica de campanèrs e de nostalgia : Noste monde ei lo monde. Om pòt amuishar ua cara competitiva a travers lo mantié de l'identitat en ua perspectiva de l'Istòria. Que nos assabentèn tanben de l'Eurocongrés 2000 e de l'Euroregion. " El seu objectiu és contribuir a la disminució dels efects negatius de la frontera. Al mateix temps, és una contribució que es fa des del nivell regional al procés d'integració europea. Sota el doble efecte de la construcció europea i la mundialització, els pobles europeus retornen la mirada cap a estructures més properes (pròishas). Els ciutadans s'agrupen i es potencien mútuament a través d'estructures com els municipis i les regions. Cal que Europa estigui integrada per una societat civil activa, i per regions i municipis, ja que sovint potser més que els mateixos estats, aquests poden insuflar vida, creativitat, imaginació, i autenticitat, per evitar que Europa es converteixi en ua mena de gran cúpula burocràtica. Els estats constitueixen l'esquelet de la Unió europea, però les regions, i les ciutats, cada cop més dinàmiques i amb molta capacitat d'iniciativa, poden introduir molta vitalitat i creativitat. Són la carn i els nervis del cos comunitari." Ahers a seguir. [ F.B] |
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Qualques reflexions sus Euròpa | La Palanca n° 18 | ||