Accions, manifestacions : rendut-comptes
       
Poussez plutôt poètes au premier rang ! La Palanca n° 2
 
« Possatz meilèu poètas au reng prumèr, que serà mielher que las banderolas lenga de husta, colloquis de cabinet, que sera mielher qu’elejuts capulats qui non creden pas aus lors mensonges », ça arrevira eth Sergi Javaloyes aqueras linhas de Patrick Guyon, Le nord perdu (ed. Cairn, p. 54). Qu’ei un chic eth sentit mièu après d’auguas manifestacions nostas !
Que calia cresasque éster en prumèr un pòc masoquista enà causiar eth dia deth Teleton ! En vesent-nos passar qu’ei clar que mes d’un ciutadan nos a preses per de valents colhons d’aquera rituala ceremonia caricativa. Sens pr’aquo tròp comprener perque no comprenia arren a çò que’s cridava ! Confusion e non-compreneson asseguradas : qu’èm tant segurs d’aver rason que pensam que sufeish de mostrar-nos enà encontrar era simpatia d’un pòple que no’n acabaria de patir dera desfèita de Murèth e de voler doncas era sièva revenja !
E ben non ! eth pòble no s’usmautarà pas enà far cambiar era Constitucion, e que’n ai pèour, après de taus manifestacions no sera pas mes esclairat qu’avans, ath contrari. Sustot quan pòt entener (urosament pòc comprenen) que gausam revindicar : « Occitan lenga officiau », çò qu’ei tota evidencia un eslògan maximaliste : a suspausar que per un miracle improbable ua taua demanda fuguèssa satisfaita, b’èm plan incapables d’assumir-la.
Mes parlam de çò qu’avem vist e viscut : un centenat que furem a Tarba eth 5 de deceme enas arruas deths noms beròi bilingues, drapèus dera crotz occitana tèsta, arsec e estrambòrd solide de tots aqueths militants (pr’amor qu’èram entre militants o pòc se’n manca), brut e musica, e tanplan cantas en còr devant ua prefectura, beròi pas de dansa dera còlha bearnesa davant era mairia, calandrons demés eths ainats, plaser d’encontra’s de Gèrs, Bearn, Bigòrra… Tot aquò n’ei pas sense significaion. Mes que s’arremarcavan tanben eths… absents, retenguts segur peth Teleton e d’autas coentas, e eth tindar deras esqueras secotidas peths participants no podia de cap de manièra daishar creser que eths paisans e eths oelhèrs eran de sortida ! Perque tanben çò qu’a sa plaça en un carivari e que aiqui podia tot just espaurir un canhòt, eths pijons dera vila e tanplan quauque nenet passejat pera mais ; que vòli parlar deths « petards’ autant esnerviants qu’inutiles ?
Que sabi que d’auguns me podran arrmembrar manifestacions pas tants luenhecas on nos trobè : em a cridar e sautalejar sens mes d’eficacitat, disem autant « gauchistas » se voletz/ Que’n som d’acòrd, qu’ac arreconeisshi, e tant pr’aquò que torni díser que aqueth 5 de deceme nos deberia miar a tornar pensar era nosta accion, e tanplan era formulacion deras revendicacions.
Per exemple, demandar era reconeishença en un texte de lei deras lengas de França n’ei cap era mèsma causa que de demandar « Occitan lenga officiau ». Que crenhi que perdem encara plan d’energia a fuger en davant, a demandar era lua quan avem trebalh a pujar eths sendèrs dera accion cotidiana.
M. Pujol
       
Comunicat : Gardarem la Tèrra La Palanca n°30
 
La raison d’être de la « Caravana Occitana » pour que vivent les langues de France.

La France n’est-elle qu’une figure géométrique, un hexagone de surface plate et arasée ? Elle, si fière de la diaprure de ses paysages, de la gamme de ses vins et du plateau de ses fromages, peut-elle persister longtemps à ignorer ce qui constitue son identité profonde et la réalité vivante de sa jeunesse, à savoir la diversité de ses langues et de ses cultures ?
Par la logique même de sa formation, la France est une nation plurilingue et multiculturelle. Par une étrange perversion, elle n’a cessé de nier cette évidence constitutive.
Des Basques et des Catalans, séparés de leurs frères du sud par le principe des frontières dites naturelles et surtout la « raison » des Etats, des Occitans, des Bretons, des Alsaciens et des Corses, peuples que rien ne prédestinait à cohabiter, ont été regroupés, souvent contre leur gré, dans une nation politique dont la gestion centrale a privilégié une langue, le français, qui fut un temps à l’Europe ce que l’anglais est aujourd’hui au monde. Cette communauté plus ou moins volontaire de destin a trouvé son accomplissement quand la légitimité populaire s’est substituée à la légitimité de droit divin à travers la Déclaration des Droits de l’Homme et l’avènement de la république.
Par un de ces sinistres paradoxes dont l’Histoire est prodigue, cette République s’est retournée contre ses auteurs qui s’étaient retrouvés dans une grande fête de la Fédération. Ou plutôt, dénaturant l’idéal républicain, on a transformé cette adhésion librement consentie à une commune légitimité populaire et cette volonté de vivre ensemble dans une République ouverte à tous les êtres humains en mystique de la nation et en religion de l’Etat, dans une conduite inconsciente héritée de l’Ancien Régime. Le bonapartisme a ainsi rapidement pris le dessus sur un jacobinisme, si souvent évoqué à contresens. Le projet politique des Jacobins s’ancrait dans l’engagement des citoyens sur l’ensemble du territoire de la République.
On connaît la suite : éradication de la différence linguistique et culturelle ressentie comme subversive, uniformité confondue avec unité. L’école publique et le service militaire ont servi ce dessein et formé en même temps les contingents nécessaires à la Première Guerre mondiale, qui fut aussi une guerre civile européenne.
L’ouvrage n’a cessé depuis de se parachever. Feignant d’ignorer qu’au troisième millénaire une langue privée d’expression médiatique et de reconnaissance officielle est condamnée à disparaître, l’Etat a relégué dans la sphère privée la liberté linguistique, dans l’intention (jadis proclamée, aujourd’hui implicite) d’obtenir le silence définitif des langues discordantes. Comment ne pas songer au vandalisme suicidaire des sans-culottes qui, au nom de la République, décapitaient les statues des églises avant de transformer celles-ci en écuries ou prisons ? Un patrimoine autrement plus précieux est en train de s’engloutir dans les poubelles de notre oubli.
Par un préjugé qui a transformé les Français en infirmes linguistiques, on a longtemps cru qu’on ne pouvait être bon français qu’en parlant une seule langue, à l’exclusion de toute autre. Cette obsession n’est pas étrangère à la connaissance insuffisante des langues étrangères dans notre pays. Il est temps d’en finir avec une pédagogie fondée sur la culpabilité linguistique. En réconciliant nos enfants avec les langues de France, nous pouvons créer un environnement propice à l’apprentissage des langues étrangères de plus en plus important pour les individus comme pour la société française dans son ensemble.
Nous sommes à la croisée des chemins.
Ou l’Etat persiste dans sa politique de démission et refuse de reconnaître ce qui fait la richesse de notre pays et la véritable exception française, nous condamnant à ressasse indéfiniment le couplet de notre déclin, livrant pieds et points liés notre culture à l’invasion de l’anglais, abandonnant la défense de notre patrimoine et de notre identité à l’initiative des individus et des associations. Mais alors il refuse d’accomplir un devoir qu’il est si prompt à exiger des autres Etats et se rend responsable de ce qu’il faut bien appeler une forfaiture ou un sabotage.
Ou bien rompant avec une trop longue tradition, il se décide enfin à reconnaître les droits de ses propres citoyens en leur donnant les moyens de les exercer, en mettant pleinement en œuvre pour ce qui le concerne la recommandation votée le 4 septembre 2003 à une très large majorité par le Parlement européen, c'est-à-dire :
- en modifiant l’article 2 de la Constitution, prétendument destiné à nous protéger de l’anglais (ce qu’il n’est absolument pas parvenu à faire), mais sans cesse invoqué pour faire obstacle à la promotion des langues en France,
- en ratifiant la Charte européenne des langues régionales et minoritaires,
- en adoptant une loi qui définisse un statut et des mesures précises, notamment dans le domaine de l’information, de l’enseignement, de la recherche et de la création et de la diffusion culturelles, pour sauvegarder et développer l’usage des langues régionales ou minoritaires.
C’est ce que, en tant que citoyens de la République française, nous demandons à l’Etat. Quant aux Régions, elles doivent être évidemment partie prenante de cette reconnaissance officielle en inscrivant au nombre de leurs priorités la promotion des langues historiques de leur territoire.
Il convient enfin de penser les langues de France non seulement comme un patrimoine de la République française, mais aussi comme un patrimoine européen et mondial. Nous avons la chance unique de posséder le breton, langue celtique, héritée des premiers arrivants nommément connus en Europe et vectrice de légendes fascinantes, deux langues germaniques, l’alsacien et le francique, une langue originale, le basque, qui fut peut-être parlée en son endroit dès la préhistoire, trois langues romanes, le corse, le catalan et l’occitan, cette dernière ayant produit une des premières grandes littératures modernes d’Europe dont l’influence s’est étendue aux principales littératures nationales de notre Continent.
C’est pourquoi nous nous sentons solidaires de toutes les langues et cultures du monde. Il est désormais impossible de penser un problème local sans le relier à la totalité du monde. Il est aussi impossible de s’enfermer dans des citadelles identitaires. Les langues de France, comme devrait l’être toute langue, ne sont pas des forteresses à défendre, mais un héritage à partager. Elles ne se transmettent pas par droit du sang, ni même par droit du sol, mais appartiennent de droit à qui décide de les parler, quelle que soit son origine et son lieu de résidence.

       
La Caravana occitana La Palanca n°31
 
Quan la Caravana passa…
Lo diluns 16 de març de 2004, la Caravana Occitana que s’ei estancada a Tarba. Qu’èran mes d’un trentenat de benevòles a arribar dens aqueth car batiat per la circonstenci « Car Occitan ». Qu’èran tanben un drin fatigats mès totun plen d’arsec entà’s hèr enténer per las carrèras de Tarba. E que cau díser que non se podèvan mancar sus la carrèra Foch dab lo brut deus instruments de musicas e las bandièras de qui portavan.
Aqueth passa-carrèra que’us a miat dinc au l’Hôtel Brauhauban on s’ei debanada ua conferéncia de prensa on an podut hèr passar las revendicacions : modificacion de l’article 2 de la Constitucion, signatura de la Carta Europenca de las Lengas minoritarias…
… lo politic que pren la paraula.
Que’ns cau plan parlar deu politic au singular. Pr’amor si los nostes politics e’s son plan hèit arremarcar qu’ei per la loas abséncia. Sonque lo Maire de Tarba, lo sénher G. Trémège e s’ei desplaçat entà préner la paraula davant lo monde. Que s’ei notadament engatjat a deféner e valorisar las lenga e cultura nostas au nivèu de la Region si èra eleguit. Discors de circontencias e electoralist nos diseràn daubuns. Lhèu… mes au mensh qu’ei vengut e que s’ei engatjat publicament. D’autes ne’n poderàn pas díser autant…
C.D